Le polar annuel de Franck Thilliez est un rendez-vous que je ne rate jamais, et cette année il nous propose un polar polaire, situé dans les tréfonds du Grand Nord canadien, dans une ville imaginaire loin de tout. Thilliez s’est abondamment documenté pour planter son décor et son intrigue. Norferville s’inspire d’une ville réelle, avec pour toile de fond, outre l’intrigue policière elle-même, le traitement infligé aux Premières Nations, (et particulièrement aux femmes), par les Canadiens. Spoliation des terres et des biens, parcage de la populations dans des bidons-villes, agressions sexuelles et j’en passe, tout ceci dans l’indifférence la plus totale de la part des autorités et du gouvernement, pendant des décennies.
Thilliez évoque sans réserve une période sombre et très récente du Canada, avec habilité et sans manichéisme. Le suspens est bien géré comme à son habitude, même si j’ai vu venir l’explication un peu trop tôt à mon goût. Norferville reste un roman efficace, immersif, et a le mérite de traiter de sujets essentiels, pas forcément connus, hélas. Un grand roman.